Je partage, tu prêtes…nous échangeons

Vous vous demandez parfois comment trouver de l’aide pour de menus travaux ou vous pensez que vous pourriez faire bénéficier à d’autres de votre temps ou de vos compétences ? Sachez qu’il n’est pas toujours nécessaire de passer par la case magasin ou entreprise, mais qu’il existe des systèmes d’échanges non marchands, misant sur la solidarité, l’entraide et le lien social.

échanges solidaires 03Les SEL, qu’est-ce donc ?

Depuis quelques années, et devant l’émergence de problématiques économiques ou d’isolement social, des systèmes d’échanges non monétaires ont vu le jour en France. Il s’agit des SEL, autrement dit les Systèmes d’Echanges Solidaires. Concrètement, il s’agit de groupes de personnes identifiées, vivant généralement dans un même quartier ou village, qui, par le biais d’une association, un SEL, pratiquent l’échange multilatéral de biens, de services ou de savoirs, hors des systèmes monétaires institutionnels. Chaque SEL définit sa propre monnaie d’échange (« grains de SEL ») pour comptabiliser les échanges de produits ou de services, un service ou un produit étant transformé en unités de temps, 1h donnée équivaut à 60 « grains de sel ». Les membres peuvent se rencontrer facilement, se connaître et développer convivialité et confiance qui sont les valeurs fondamentales des SEL.

D’où viennent-ils ?

Les systèmes d’échanges solidaires sont apparus dans les années 1980 en Ecosse puis au Canada, sous le fait des quartiers pauvres à une époque où émergeaient le chômage, l’exclusion…. Ils permettaient alors à toute une frange de la population de subvenir à certains besoins en échange de leurs compétences ou services, quelque peu sous le modèle du troc. Le premier SEL est apparu en France en 1994 en Ariège. En 1995, Toulouse était la première grande ville à voir naître un SEL. Ils ont débarqué dans le Nord Pas-de-Calais dans les années 1996-1997. A ce jour, on estime à environ 600 le nombre de SEL en France. Ils permettent à plus de 20.000 personnes de procéder à des échanges

échanges solidaires 02Un SEL pour qui, pour quoi ?

Tout le monde peut faire partie d’un SEL, car on y adhère comme on pourrait adhérer à n’importe quelle association. Les SEL réunissent des personnes qui souhaitent développer localement l’entraide et l’échange solidaire, ainsi que la prise de conscience qu’il existe des alternatives économiques au système économique classique basé sur l’argent. Faire partie d’un SEL permet de sortir de l’isolement, de bénéficier d’un réseau d’entraide, de consommer responsable et de prendre conscience de ce que l’on peut offrir à d’autres personnes. Car contrairement au troc, on n’est pas tenu de rendre à celui dont on reçoit, ce qui élargit les possibilités d’échanges.

Si pour certains les avantages du SEL sont purement économiques, puisqu’ils peuvent permettre à ses membres de subvenir à certains de leurs besoins sans avoir à donner de l’argent, pour d’autres, il revêt un caractère de militantisme, de résistance constructive contre la mondialisation. Pour d’autres encore, c’est l’aspect relationnel qui prédomine (le SEL permet la véritable rencontre avec autrui, il peut être un moyen contre l’exclusion et favoriser un réseau de solidarité), d’autres insisteront sur l’épanouissement personnel procuré grâce à la possibilité de devenir utile à un groupe et d’adopter des critères de valeurs plus humains.

Christine Masounabe, adhérente active dans plusieurs SEL, dont BaraSel et RijSel

Présence : Pourquoi adhérez-vous à des SEL ?

C. Masounabe : Les SEL sont des associations ouvertes à tous. Ils sont de véritables lieux d’échanges et de rencontres entre « Selistes ». Chacun propose des offres et des demandes en fonction de ses compétences, de ses appétences, ou de ce qu’il a à échanger. Ce que je trouve d’inégalable dans les SEL, c’est la mixité des personnes qui les composent, c’est le fait de consommer responsable, de s’entraider, de créer du lien social.

P : Concrètement, comment cela fonctionne ?

C.M : Rien de plus simple. Le pré-requis est d’adhérer au SEL. Ensuite, après avoir signé une charte d’engagement et un règlement intérieur qui donnent un cadre aux échanges et responsabilisent chacun, un « catalogue » de demandes et d’offres est tenu et permet de proposer ou demander un service, un objet. Pour pouvoir échanger entre nous, nous utilisons une « mémoire d’échange », les grains de SEL, baptisés différemment dans chaque SEL (Pépites, Feuilles, ou bien Bulles par exemple). Ce qui est enrichissant c’est qu’on ne « doit » rien à la personne dont on a reçu, il s’agit d’échanges multilatéraux. Ainsi, Jacques repeint le salon de Sylvain qui fait garder ses enfants par Lamia qui apprend l’informatique à Virginie qui offre ses poireaux à Aldo qui prête son gaufrier à Christine. Bien sûr, on définit à l’avance les modalités pratiques de l’échange : de combien de grains de SEL ce service va être crédité, lieu du rendez-vous, … Les Selistes deviennent bien souvent des amis ! »

logo sel'idaireSi vous souhaitez adhérer à un SEL, connaître ceux proches de chez vous, en créer un, ou pour toute autre question, contactez Sel’idaire, l’association d’information et de promotion des Systèmes d’échanges solidaires en France, sur www.selidaire.org, ou secretariat@selidaire.org
09 70 46 00 54 (permanence téléphonique tous les mercredis de 19h à 21h)
BP 60034 – 80081 Amiens Cedex 2